Des jeunes qui quittent leur pays

Présentation au II Colóquio Internacional da Rede Interuniversitária – Grupos e Vínculos Intersubjetivos San Pablo Brasil.

Graziella Bar de Jones, Avril 2018

 

Chaque pays a sa propre histoire de migrations.
Les psychanalystes , eux, ont beaucoup emigré suite à la deuxième guerre mondiale, au XXème siècle; Freud lui-même a dû partir à Londres en 1938. Et pourtant il fallut presque le temps d’une génération pour qu’en psychanalyse on commence à faire des recherches sur les effets de ces expériences.
À partir d’un certain moment les travaux psychanalytiques sur “la migration » commencèrent à se multiplier.
En Argentine nous nous occupions d’abord des recherches sur leurs effets transgénérationnels puisque l’Argentine a essentiellement été peuplée d’ immigrants.
Elle devint ensuite un pays expulsif lors de la dictature militaire puis des dificultés socio-économiques.
Les migrations introduisent la discontinuité dans les liens.
Les adolescents qui venaient de l’Italie ou de l’Espagne vers la fin du XIX ème siècle ou début du 20 ème ne revoyaient parfois plus jamais leur famille d’origine même s’ils pouvaient passer leur vie à travailler pour leur envoyer de l’argent.
Une lettre pouvait mettre trois mois à arriver.

Au jour d’aujourd’hui (2018)
Les changements technologiques nous forcent à remettre en question les notions psychanalytiques qui nous permettaient de comprendre les expériences de la migration (2,3,4)
Les vécus déclenchés par la distance géographique, peuvent ne plus être du tout les mêmes.
On peut se parler, on peut se voir et en même temps cela nous oblige à de nouvelles recherches, mais la vitesse des changements dépasse à chaque fois la vitesse de nos recherches.
La notion de l’espace et de la temporalité, sont remis en question (11)
Les identités deviennent plurielles. De plus en plus les enfants naissent de couples biculturels et au sein de familles voire multiculturelles. Leurs souffrances sont différentes. (9)
Le choc traumatique accumulatif n‘est plus pareil, il est possible de se familiariser à l’avance avec ce que l‘on va rencontrer.(9)
Le travail du deuil est forcément très différent aussi si on peut aller et venir (4)
Nous sommes nombreux ceux qui ne sommes plus d’une nationalité ou d’une autre; le “ou” doit être, à notre avis, remplacé par la compléxité du “et”.

Une expérience très spécifique à BabelPsi

Sur un socle
1) de connaissances et de recherches sur les effets psychologiques des migrations et leurs vécus
2) d’expérience en psychanalyse individuelle présentielle et à distance puis en psychanalyse mutifamiliale, nous avons mis en place à BabelPsi un modèle de prise en charge pour la vie quotidienne des personnes qui traversent n’importe quelle sorte d’expérience interculturelle.
Pour ce travail j’ai choisi de partager avec vous spécifiquement une partie de notre pratique: une expérience que nous traversons à BabelPsi depuis plusieurs années avec des jeunes étrangers qui viennent nous voir à Buenos Aires. Le modèle de suivi dont je vais vous donner quelques exemples aujourd’hui, intègre parfois différents dispositifs simultanément.
Véro
Jeune, très belle, passionnée de tango et par amour elle vint s’installer à Buenos Aires.Elle commença une psychanalyse dans sa langue maternelle .Elle disait que aimer c’est souffrir et que sa jalousie lui devenait insupportable. Elle avait connu son copain avant de décider de s’installer avec lui en Argentine et l’un des élements qui l’attiraient était la famille nombreuse qu’il avait lui, en Argentine.
Le tango et l’amour sont des arguments que nous retrouvons souvent chez les jeunes femmes qui viennent à Buenos Aires pour expliquer leur choix de notre ville. Leurs motivations inconscientes pour émigrer leur sont en général inconnues.
Ses souffrances, (elle pleurait beaucoup et très souvent), sa solitude et quelques unes des difficultés à l’intérieur de son couple n’ont pu que très lentement être compris et mis en travail en lien avec la migration et avec son histoire familiale.
À notre grande surprise et à la sienne, elle dit un jour qu’en fait elle pensait maintenant qu’elle etait venue en Argentine pour fuir sa famille d’origine.
Les souffrances de Véro dûes à sa solitude dans un pays étranger, même au sein de son couple et de la famille de son copain, contretransférentiellement, m’étaient particulièrement émouvantes.
La cure, bien que Véro n’est pas une psychotique, me sembla insuffisante.
Je me décidai à metttre en place un groupe de psychanalyse multifamiliale pour francophones à Buenos Aires. Non plus pour la prise en charge de la pathologie mentale sévère – but dans lequel a été créée cette méthode- mais pour la vie quotidienne dans l ‘interculturalité.
Les individus, les couples et les familles bi ou pluri culturelles , multilingues, pouvaient y trouver un endroit où mettre en travail les similitudes et les différences de leurs expériences de migration, d’expatriation, de stage, etc.
Je formai une équipe plus ou moins trilingue, de membres de BabelPsi et l’ouverture compta sur la présence du Professeur Jorge Garcia Badaracco, créateur de cette méthode et à peu près de 30 personnes. Ces réunions continuent actuellement sous le nom de “multi interculturelle”
Quelques membres de l’équipe sont en mesure de traduire vers une langue ou une autre quand cela est nécessaire. Nous disons aux participants qu’ils peuvent s’exprimer dans la langue dans laquelle ils se sentent le plus à l’aise (spécifions: espagnol, anglais ou français)
Le rêve de Véro en séance individuelle, après cette première réunion à laquelle elle participa
“Je marchais toute seule , j’arrivais à un énorme château où il faisait très froid et sombre, j’avais peur. Vous veniez m’apporter une couverture et je m’endormais finalement tranquille”.
Pendant des années elle fut une participante fidèle à ces réunions. Elle épousa son copain, eut deux enfants. Elle venait enceinte, puis avec un petit puis avec les deux et avec son mari qui s’y incorpora de plus en plus stablement. Il y ammena aussi parfois sa mère, et même sa fille d’ un premier mariage.
Après de longues années de travail individuel et multifamilial, elle rentra dans son pays avec sa famille, fondée en Argentine.
Dans son pays, elle continua son suivi individuel à distance (1) puis elle participa de temps en temps à la multifamiliale par internet.

Le dispositif de la psychanalyse multifamiliale

Sur le site de BabelPsi vous trouverez la conférence de présentation de cette méthode que j’ai faite à Lyon2 en octobre 2015, en français (5)
Il s’agit d’un cadre groupal, ouvert. Les participants peuvent venir seuls ou accompagnés.
On vient sans prévenir. Il arrive des fois que nous y trouvons des personnes que nous ne connaissons pas. L’équipe ne sait pas à l’avance qui viendra et même parfois s’il y aura quelqu’un.
Les participants peuvent ne pas parler ou lever la main pour demander la parole s’ils le souhaitent.
Nous essayons que l’accent soit mis sur les propres vécus et leur partage. Nous considérons que ce partage éveille des résonnances conscientes et/ou inconscientes chez les personnes présentes qui peuvent à leur tour, si elles le souhaitent, partager leurs vécus.
Garcia Badaracco nous dit, (6)
“Les autres comme miroirs vivants, jeu d’identifications proyectives et introjectives”p 86
“…dans chaque personne se réactivent alors des aspects inconscients refoulés, des souvenirs et des vécus oubliés, declenchés par ce que d‘autres disent ou font. De même qu‘un film ou une pièce de théatre produisent chez chaque spectateur des réponses différentes d’après le contenu de l’oeuvre, tout ce qui se passe peut être interpreté par les autres comme un spectacle. Mais il y a des personnes qui le voint comme un spectacle parce qu‘elles craignent de se sentir impliquées dans ce qui est en train de se dire……”
“…. La participation très engagée émotionnellement de certains participants, du fait qu elle se produit dans le contexte d un grand nombre de personnes…. donne lieu à des dialogues de toutes sortes qui ont la potentialité de faire penser. Chacun le fait selon des propres possibilités. Et chacun développe progressivement de nouvelles possibilités de dialoguer et de penser, qu’ il n aurait, parfois, jamais cru posseder.” (p 87)
L’accent est mis aussi sur le développement d’une écoute très respectueuse et sans jugement, dans un cadre qui offre très rapidement une ambiance confiable et chaleureuse.
L’équipe, elle, doit être le plus stable possible et doit s’engager à un endroit et à un horaire fixe qui doivent être respectés.
La coordination est animée par une équipe de professionnels. Les réunions sont souvent suivies de réunions d’élaboration ouvertes elles aussi où tous les participants peuvent rester s’ils le souhaitent. L’on essaye de ne pas favoriser l’idéalisation des coordinateurs en leur proposant à eux aussi de partager leurs vécus. Bien que ce soit bien sûr difficile, la coordination cherche à etablir une symétrie entre les psys et les non-psys. L’un des objectifs serait celui d’ empêcher le fonctionnement de masse quand le groupe est nombreux et où le leader serait idéalisé (6,7).
On essaye d’éviter les interprétations; les interventions tendent à chercher des universels qui, une fois formulés, permettront aux participants, par similitude ou par différence, de dédramatiser ce qui leur arrive.
On peut s’occuper longuement et très spécialement d’un participant ou d’un couple ou d’une famille. Nous considérons, sur cette base, que toutes les participations sont thérapeutiques pour les personnes présentes. Les aspects scindés de chacun sont forcément mis en mouvement. L’on espère favoriser un redéveloppement du “véritable soi-même” qui aurait été empêché dans des “trames familiales » constituées d’”interdépendances pathogènes” conscientes et inconscientes, en activité.
Nous soutenons que la présence concrète des membres de la famille permet des changements psychiques très difficiles à obtenir parfois autrement.
Notre conception du processus thérapeutique est celle d’ un processus où chacun fera ses propres découvertes; celles-ci arrivent tôt ou tard lorsqu’on participe d’une façon constante à ces réunions bien qu’on ne sache pas à l’avance lesquelles elles seront ni quand est-ce que le changement psychique qu’elles amèneront se mettra en évidence.
Réussir a penser ensemble ce qu on ne peut pas penser seul, ou a la maison.
Dans cette façon de penser le regard vise la “virtualité saine » de chacun et non pas la maladie.
Nous pouvons dire aussi que le même regard se pose sur l ‘équipe thérapeutique où chacun devrait pouvoir se retrouver soi-même de façon le plus authentique, libre, spontanée et créative possible pendant sa pratique professionnelle.
Plutôt que de transmettre une technique l’on cherche à soulager l’exercice psychothérapeutique d’ un regard surmoïque et ainsi permettre la créativité. On suppose que le cadre psychanalytique de l’éthique est à l intérieur de chacun des psys qui intègrent l’ équipe.

Se retrouver en famille.

Cette liberté créative pour l’exercice professionnel et le souhait de ne pas permettre aux déplacements géographiques d’ installer la discontinuité dans les liens nous a permis de mettre aussi en place des multifamiliales hebdomadaires par système de vidéoconférence.
La technologie est utilisée dans le but de rétablir une continuité, de réparer les liens brisés par les souffrances de la vie familiale et les déplacements géographiques.
Le cadre est bien sûr un peu différent . Elles ne sont pas ouvertes puisque le coordinateur envoie le lien par mail chaque semaine à la liste de ceux qui forment le groupe; on ne sait jamais à l’avance qui participera chaque fois. On peut avoir 5 visages en même temps avec les videos au plus et on doit apprendre à faire avec les difficultes que pose de temps en temps la technologie.
Le groupe est integré par :
des patients actuellement en analyse à Buenos Aires ou à distance avec un membre de notre équipe,
d’ anciens patients d’un membre de notre équipe,
d’ anciens ou d’actuels participants à la multi interculturelle à Buenos Aires
de stagiares actuels en psychanalyse multifamiliale à Buenos Aires
d’ anciens stagiaires en psychanalyse multifamiliale à BabelPsi rentrés dans leur pays
de parents de quelques uns de ces jeunes (qui ont bien voulu s’inclure, à un moment ou un autre de ce processus de leurs enfants, pour partager cette expérience avec eux qui parfois étaient à des milliers de kilomètres de distance.)
et même de parents de jeunes, en analyse avec un membre de notre équipe, qui eux, ne veulent pas participer à la multifamiliale mais qui sont très contents que leurs parents participent.

Rose
Elle n’est plus si jeune. Célibataire, c’est clair pour elle, elle ne souhaite ni avoir d’enfants, ni fonder une famille.
Depuis plusieurs mois elle parcoure l’Argentine et ses merveilleux paysages.
Elle a connu lors de ses déplacements, un garçon avec qui elle a un lien fragile.
Elle consulte parce qu’elle croyait avoir dépassé une vieille crise dépressive très grave qu‘elle avait eue quelques années auparavant dans son pays où elle voulait se jeter par la fenêtre, mais ces idées suicidaires reviennent. Elle pleure constamment et elle imagine que la seule possibilité pour elle c’est la rupture définitive avec sa famille d’origine qui est dans son pays.
Elle commença une psychanalyse avec l‘un de nous. Elle participa aux réunions interculturelles présentielles, à Buenos Aires, quand elle y était, d’une façon discontinue. Un beau jour elle dit, à notre surprise, en séance, qu’elle désirait fonder une famille.
Puis à notre surprise aussi, elle annonça plus tard qu’elle rentrait dans son pays, dans la ville où habitent les parents. Le lien avec ce garçon était devenu important et il allait la suivre.
Elle n’interrompit pas son analyse individuelle en partant puis pas mal de temps après elle s’inclut dans les multifamiliales à distance en invitant très vivement celui qui était devenu son mari, à y participer. Il le fit très peu de fois.

Cecilia
Depuis de longues années elle va de pays en pays. Elle reste vivre plusieurs mois dans chaque pays, y forme un couple puis elle repart.
Elle a du mal à trouver un sens à sa vie.
Plus très jeune, célibataire, elle semble n’avoir ni racines ni famille, nulle part. Alors qu’elle en a, dans son pays d’origine. Sa mère, avec qui elle avait un lien très fort est décédée brusquement, quand elle était jeune. Depuis elle ne reste que quelques jours á chaque voyage dans sa ville de naissance.
Elle participa très peu des réunions interculturelles à Buenos Aires, elles l’ennuyaient. Elle suivit une psychothérapie même si elle ne laissait tomber que rarement son attitude méprisante. Elle la faisait parce qu’elle pensait “qu’il le fallait parce que ça fait du bien”. Mais si pour une raison ou une autre les séances ne pouvaient pas avoir lieu elle disait qu’elles ne lui manquaient pas, que cela lui était égal.
Le cauchemar de Cecilia en séance individuelle apres avoir participé á une de ces réunions,
“je devais courir, je devais fuire très vite, tous les bâtiments autour de moi commençaient à s’écrouler”.

Nous revenons au livre de Garcia Badaracco:
“On percevait régulièrement que les thèmes vraiment douloureux, ceux qui avaient produit une souffrance psychique intense, restaient comme enfouis dans un inconscient clivé, cachés ou masqués par les puissants mécanismes de défense qui maintenaient un faux self, extrêmement autodestructeur des composantes potentielles les plus saines. Il fallait donc parcourir un long chemin révélateur pour decouvrir la véritable trame d interdépendances pathogènes qui avaient jalonné l’histoire personnelle de chacun.
Nous avons dit que la situation tramatique contenue dans l inconscient … est par nature violente et génératrice de violence, et il est impossible d‘empêcher que cette violence refoulée ne se manifeste d une manière ou d’ une autre. La fonction thérapeutique, ici, consistait à créer le climat psychologique sécurisant nécessaire à chaque patient et à chaque groupe pour trouver le ‘moment’ d exprimer ‘sa vérité’. Cela pouvait prendre un certain temps, mais bien moins qu’ une thérapie bipersonnelle ou de famille nucléaire, où cela peut se faire attendre pendant des années, et même ne jamais apparaître du tout. C’est souvent la crainte de s’effondrer qui maintient la rigidité des défenses, mais le contexte possède une très grande force sécurisante en ceci qu’il donne l’ assurance que l’effondrement ne sera pas dangereux.” (libro de jorge page 47)
Sur ces convictions nous insistâmos auprès de Cecilia pour qu’elle n’abandonne pas nos réunions groupales, mais sans succès.
Nora
Très très jeune. Étudiante universitaire elle vint à Buenos Aires faire un stage. Fille unique, elle arrivait chez nous après avoir parcouru l’Amerique Latine. Elle ne communiquait pratiquement plus avec ses parents à qui elle envoyait de temps en temps des photos d’ endroits perdus où elle se trouvait.
Elle venait très régulièrement à nos réunions interculturelles puis elle commença une psychothérapie avec l’un de nous.
Elle nous disait qu’elle ne supportait pas ses parents et qu’il luí etait insupportable d’être près d’eux parce que, en contact notamment avec la mère, elle perdait le sentiment d’exister .
Elle commença à participer à la multifamiliale par vidéoconférence et invita ses parents à faire de même. Elle était donc à Buenos Aires et eux, dans leur pays.
Elle put leur dire tout ce qu’elle avait sur le coeur. Quand ils essayaient de communiquer avec elle en dehors des réunions, elle ne leur répondait pas. Elle disait qu’elle avait besoin d’avoir “la multi” comme témoin. Ils acceptèrent de continuer même si ce n’était pas évident d’écouter tout cela de leur fille et face à des gens qu’ ils ne connaissaient pas, et de plus à travers un ordinateur, disaient ils, et que c était incroyable que pour pouvoir être en contact avec leur fille ils devaient comme condition, participer à la “multi ».
Son lien avec ses parents devint plus supportable pour elle, peu à peu. Elle rentra malgré tout dans son pays. Elle continua sa psychothérapie à distance. Son père et elle continuèrent à participer à la multifamiliale par vidéoconference en étant déjà dans un même pays. Sa mère abandona très rapidement.
Conclusions

Nous nous surprenons souvent avec quelques jeunes étrangers qui étaient venus pour rester vivre en Argentine, ou pour passer leur vie à parcourir le monde, et qui après quelque temps de psychanalyse individuelle et/ou de participation aux réunions interculturelles décident de rentrer dans leur pays avec une bien meilleure entente avec leur famille que quand nous les avons connus, en Argentine.
Certains souhaitent rester en lien avec notre équipe thérapeutique et souvent ils continuent leur cure à distance. Ils continuent ou ils ajoutent la participation aux multifamiliales à distance parfois avec leurs parents ou leurs conjoints.
Plus tôt ou plus tard nous les entendons dire:
“je suis parti pour fuir ma famille”
Les stages des universités à l étranger sont très stimulés et très idealisés. Ce sont sans doute des expériences très riches, mais les étudiants gardent en général pour eux leur souffrances parce qu‘elles sont mal vues et ils en ont honte. Ils traversent souvent des situations difficiles, cachées par l ‘alcool, la drogue, ce qu’ils appellent “faire la fête”.
Ils ne partagent que rarement entre eux les angoisses qu’ils traversent.
Notre regard en psychanalyse trouve que la trame familiale consciente et inconsciente, avec des interdépendances réciproques en activité, est très impliquée dans ces mouvements de déplacements géographiques.
Nous avons bien compris que parfois seule la distance géographique permet de prendre du recul par rapport a la propre famille et que cela devient vraiment nécessaire.
En même temps si, au loin, on ne fait pas un travail d élaboration, parfois on risque de ne jamais pouvoir revenir dans son pays, de transformer une expatriation en une sorte d’exil psychologique, et cela entraîne de grosses souffrances.

Dans notre façon de penser, la possibilité concrète de la participation des familles impliquées dans ces situations vitales, même en étant à distance, dans un suivi multifamilial, est vraiment une possibilité très intéressante.
Bibliographie
1)BabelPsi “Irene vista por la Comunidad BabelPsi”
Quinta jornada clínica entre instituciones psicoanalíticas caso Irene
Asociación Psicoanalítica de Buenos Aires 2012
2) Bar de Jones, Graciela “¿Y si emigramos?” Asociación Escuela Argentina de Psicoterapia para Graduados. AEAPG Espacio reservado a la Comisión Científica Trabajo libre. 1994
3) Bar de Jones,Graciela “La migración como quiebre vital” Panel sobre Quiebres vitales II Congreso Argentino de Psicoanálisis de Familia y Pareja – Teoría y Clínica de los vínculos. Buenos Aires, 2001
4) Bar de Jones, Graciela “Actualizaciones en el psicoanálisis de la migración ». Asociación Psicoanalítica Argentina APA Trabajo presentado para el pasaje a miembro titular. 2007 BabelPsi.com Biblioteca
5) https://www.babelpsi.com/simposio-internacional-symposium-international/
La Psychanalyse Mutifamiliale
6) Freud, Sigmund
Psicologia de las masas y análisis del Yo Amorrortu T XVIII 1992
7) Garcia Badaracco, Jorge E.
Psychanalyse multifamiliale
Les autres en nous et la découverte du vrai soi-même
Editions In Press 2003
8) Garcia Badaracco, Jorge E.
De sorpresa en sorpresa, trabajo inédito.2006
9)Kaës, R.et al.
Différence culturelle et souffrances de l’identité. Dunod 1998.
10) Slusky, Carlos E.
Migración y conflicto familiar
Family Process Vol l8 No 4, dic. l979. USA
11) Tisseron, Serge “Una revolución antropológica que el psicoanálisis necesita repensar” en
Perspectivas actuales del inconsciente APA editorial 2017

Graziella Bar de Jones