Le Dr Graziella Bar de Jones au Symposium International organisé par L Université Lumière Lyon2 les 8,9 et 10 octobre 2015 À Lyon en France.
La Psychanalyse Multifamiliale
Dr. Graziella Bar de Jones
Mèdecin Psychiatre et Psychanalyste de la liste de notoriété médicale du Consulat Général de France à Buenos Aires.
Ex Secrétaire scientifique puis Présidente de l’Asociaciòn Escuela Argentina de Psicoterapia para Graduados.
Membre Titulaire en fonction didactique à l’Association Psychanalytique Argentine et à l’internationale.
Créatrice et co-directrice de BabelPsi.com.
Avant tout, je veux vous remercier de m’avoir invitée. Je me sens très honorée de faire une conférence dans ce si intéressant colloque et avec des personnes comme vous que j’apprécie beaucoup. Avec certains d’entre vous et avec cette Université, Lyon2, nous avons tissé, il y a déjà longtemps, des liens professionnels et amicaux qui sont très importants pour moi.
Depuis que mon mari, le Dr. Alberto Jones, m’a fait connaître, à Buenos Aires, il y a plus de 12 ans, la Psychanalyse Multifamiliale, j’ai tout de suite rêvé de l’introduire en France. Cette méthode apporte de l’enthousiasme et du bienêtre pour l’exercice professionnel,et pour la vie des psys comme elle l’a fait pour nous, pour les patients et pour leurs familles, et enfin, socialement, pour le bienêtre des personnes qui choisissent de participer à ces réunions… je suis donc vraiment heureuse d être ici, avec vous, aujourd’ hui.
Cette introduction pour vous dire que j’orienterai mon exposé dans un sens spécifique: celui de vous transmettre les éléments qui vous permettraient de mettre en place ce genre de réunions. Cette méthode, aux résultats surprenants, est complémentaire aux autres thérapies, et parfois même elle les rend possibles, en multipliant leurs effets thérapeutiques.
J’ai eu,par ex, l’occasion , de recevoir en consultation une dame expatriée, cadre d une entreprise multinationale, qui voyageait tout le temps pour son entreprise, célibataire, tout à fait seule à Buenos Aires. Elle avait eu plusieurs hospitalisations, longues, en France, à cause de son alcoholisme et de tentatives suicidares. Elle me téléphonait le samedi, le dimanche, à n importe quel moment. Je luí recommendai , outre les séances de psychanalyse individuelle avec moi, de participer aux réunions multifamiliales de l’Association Psychanalytique Argentine, dont la coordination centrale était assurée à ce moment là par le Pr. Garcia Badaracco, ce qu elle fit.
Pendant trois ans, son assiduité à ces réunions, qu’elle apprécia beaucoup, heureusement, rendit possible la cure en permettant, entre autres, le respect du cadre, Cela aurait été insoutenable autrement. Elle fit une évolution surprenante; je n’aurais jamáis esperé un parcours pareil, avec les crises que nous avons eu à dépasser. Elle connut un argentin, l’épousa, eut un enfant, revint s’installer en France avec dux tres près de sa famille d’origine pour y rester. Pratiquement plus d’alcoholisme, plus du tout de tentatives suicidaires. Et bien sûr, plus d’hospitalisations. Elle continua son traitement psychanalytique avec moi par téléphone pendant plusieurs années.
Dans ce cas, ce modèle de prise en charge évita l’hospitalisation.
On dit que les multifamiliales évitent pour les patients graves qui y vont, ce qu’on appelle en psychiatrie, en espagnol, la “puerta giratoria” Je ne sais pas si vous voyez ces portes d’entrée parfois aux hôtels, les portes tournantes. C’est une expression pour désigner ce qui arrive aux patients graves qui sont hospitalisés, ils s ‘améliorent, sortent et retombent et ainsi de suite pendant toute leur vie.
Quand les patients participent de ces réunions les hospitalisations arrivent parfois à disparaître de leur vie.
Dans le cadre de BabelPsi, je fais partie de 3 équipes différentes de coordination, le lundi, le mercredi et le jeudi.
Les lundis soir, la Multifamiliale que j’ai créée en 2008 en français et en espagnol, pour mettre en travail la vie quotidienne de la Communauté Française à Buenos Aires . Désormais nous accueillons aussi d’autres Communautés et Nous l’appelons, la MIC, Multi Interculturelle. Les échanges se font parfois en plusieurs langues.
Chaque mercredi soir la multi familiale que le Dr. Alberto Jones a créée en 2006, dans le cadre de BabelPsi-hôpital Mendez, qui est actuellement l’une des multifamiliales les plus importantes de Buenos Aires. Certains d’entre vous ont pu y participer.. C’est luí qui en assure très principalement la coordination Ces réunions ont à peu pres 80 personnes à chaque fois.
L’hôpital Méndez est un hôpital polivalent qui assure la santé des employés dépendants de la ville de Buenos Aires.
Cette mutifamiliale est ouverte à la communauté pour tous ceux qui souhaitent y venir, gratuitement.
Finalement, le jeudi, une autre multi que j’ai aussi créée moi-même en 2012, par internet, par un système de vidéo conférence acquis par BabelPsi, en français-espagnol, entre l’Argentine et la France .
Comme je vous le disais dans l’abstract, cette méthode, d’après son créateur, le Prof. Dr. J Garcia Badaracco est née d’une intuition
Vers 1960, il revenait de France, où il avait fait sa formation en Psychanalyse et devint à Buenos Aires, le chef d’un service à l`hôpital Borda, avec 35 à 40 patients psychiatriques hospitalisés, considérés chroniques, isolés de leur famille et du monde et sans personnel soignant suffisant.
Il mit en place des réunions tous les jours, tout le monde en même temps: patients, famille, infirmiers, thérapeutes. Il cherchait une façon pratique de faire face à différents besoins. Jamais ríen de semblable n’avait existé dans cet hôpital.
Cela prit du temps quand même pour qu’il n’y ait pas que lui dans la salle.
Il prit comme source d’inspiration les Communautés Thérapeutiques (Maxwell Jones) . Il utilisa toute son expérience en analyse individuelle, traitements de groupe et de famille, et ses connaissances sur le systémique pour l’exercice de la coordination. Il conserva toujours ses racines psychanalytiques. Il étudiait énormément, son génie et sa connexion avec les patients graves etaient uniques. Moi j’ai été étonnée, quand je le voyais travailler, de sa tendresse envers les patients difficiles, alors que ce n’est pas le trait, je pense, qui aurait pu définir sa personnalité. Il est décédé en 2010 a l âge de 87 ans
Il considéra ces réunions à l’hôpital la naissance de la Communauté Thérapeutique Psychanalytique à structure multifamiliale.
Il développa ensuite une ‘Communauté Thérapeutique Psychanalytique à Structure Multi- familiale’ privée, puis il comprit, finalement, que ces groupes multifamiliaux pouvaient aussi se réaliser en dehors des Communautés Thérapeutiques.
C’est là qu’il commença à les appeler, “Groupes de Psychanalyse Multifamiliale” pour transmettre leur specificité et en tenant compte des résultats recueillis pendant plus de 30 ans.
À l’hôpital, Tous les jours à la même heure il allait s’asseoir pour faire ces réunions en commun dans un salon auquel il avait rendu son caractère original de salon voué à la vie sociale des patients, en défaisant sa fonction de dortoir général. Il rendir aux patients la dignité d’avoir leur chambre à coucher qui étaient jusqu’alors utilisées par les psychiatres comme cabinet psychiatrique. Cela parlait du coup, bien sûr, du Regard porté sur leurs patients par certains psychiatres eu égard de la peur de la folie que l’on retrouve encore dans de nombreux services psychiatriques.
Le regard porté (“la mirada”) sur les patients, en líen avec son important concept, celui de La “virtualite saine », seront le centre de plusieurs travaux de Garcia Badaracco, ils ont une influence déterminante sur l évolution, le pronostic et voire la posibilité de guérison, parfois, des patients graves. J’y reviendrai.
J’introduis là aussi les éléments qui vous permettront de mieux connaître
Le cadre (en espagnol “encuadre”) de ces réunions, soutenu encore aujourd’hui.
Avec le temps Garcia Badaracco dira que le nombre idéal de participants est celui de 70 personnes; les “multis”. nom abrevié par lequel nous désignons ces réunions. Celles qui existent actuellement sont variables par rapport à la quantité de participants. Les groupes sont des groupes hétérogènes.
La fréquence, dans ces groupes, en dehors des communautés thérapeutiques est généralement hebdomadaire. Certaines interrompent leur activité pendant les vacances d’été, d’autres n’interrompent jamais et la coordination est assurée par les membres de l’équipe stable qui ne partent pas en vacances en même temps.
L’heure et l’endroit doivent être soutenus de façon très stable par l’équipe responsable d’assurer la coordination.
La coordination a besoin d’une équipe, ce n’est pas possible pour une seule personne. L’équipe peut être interdisciplinaire. Il y a en général un membre de l’équipe qui exerce la coordination de façon plus nette et centrale, bien qu’elle soit partagée. La durée essaye aussi d’être fixe bien que ce n’est pas trop facile à soutenir d’une façon stricte. Il y en a qui durent une heure et demie et d’autres deux heures.
Après chaque “multi » nous faisons une réunion d’élaboration. Dans les différentes multifamiliales assurées par BabelPsi tout participant qui le souhaite peut y rester pour réfléchir en commun à ce qui s’est passé pendant la multi Dans d’autres multifamiliales à Buenos Aires, la présence à la reunion d’élaboration est réservée aux professionnels. Il y a des psys qui ne sont pas du tout d’accord sur le fait de faire rester les participante non psys a la reunión d’elaboration
A BabelPsi nous avons pris une phrase de Garcia Badaracco qui nous parle “comment puis-je prétendre que les patients nous fassent confiance si pour parler d’eux nous les faisons sortir”
Ces réunions sont spécialement intéressantes, elles permettent de montrer l’lhypercomplexité de toutes les situations humaines et d’observer comment chaque réunión multifamiliale est un véritable laboratoire social. Chacun aura ses propres vécus et fera sa propre expérience dans une expérience commune à tous. Elles permettent aux patients d’écouter plusieurs psys discuter entre eux et nous voir être d’accord, ou pas. Et cette réunion permet aussi de ne pas partir chez soi trop chargé par les effets de la réunion.
On essaye de mettre en fonctionnement la notion d’esprit élargi. C’est à dire de comprendre que chaque point de vue n’est qu’une petite partie du tout et apprendre à écouter attentivement, même si on n’est pas d’accord, et à ne pas chercher à avoir raison
C’est le même modèle de conversation que nous proosons pour les couples, pour les familles, pendant la multi, pour le travail en équipe, dans la vie, c’est facile à dire mais très difficile à faire.
Bien qu’ on souligne aux participants les bienfaits de l’assiduité, le cadre ouvert proposé permet toute liberté de présence et de prise de parole. Il est possible de venir accompagné d’ une personne de son choix. Ceci détermine, dans les groupes nombreux , qu’il y aie souvent des personnes anonymes ou que l’on ne connaissait pas jusque là. Le champ de travail ne se trouve pas alteré par la présence de ces derniers Cela permet de recevoir des stagiaires, des étudiants ou des professionnels qui se mêlent naturellement au groupe sans que cela nuise au champ de travail. Aussi, si vous le souhaitiez, vous pourriez participer à ces réunions. Il suffirait de comprendre l’ espagnol pour le groupe du Mendez, pour les autres le français, l’anglais ou l’espagnol sont possibles.
Beaucoup de psychanalystes ont cherché à soigner la pathologie mentale sévère avec la cure psychanalytique.
Garcia Badaracco étudia tous les éléments qui, à son avis, la faisaient échouer.
Il dira:
“En comprenant que la séance thérapeutique était vécue comme une soumission et une imposition, je pris un tournant à 180 degrés et j’essayai de créer une relation plus libre et plus spontanée”,
À mon avis nous sommes, nous, maintenant, à BabelPsi, en train de parcourir une sorte de chemin inverse à celui des débuts de la Psychanalyse préocupés aussi, comme nous le sommes, par les difficultés sociales.
On partait du modèle de la cure, créée pour la névrose et les troubles de la sexualité, pour essayer de guérir les pathologies mentales sévères: psychoses, états limites, addictions…. Garcia Badaracco a remis en question, cette forme de prise en charge pour ces pathologies mentales et modifia de nombreux éléments qui la caractérisent,en les transformant même en leur contraire.
Déjà il a mis en place un dispositif multitudinaire.
Il considérait que les patients graves n’étaient pas en condition d’obtenir l’insight á partir de l’interprétation psychanalytique pour faire conscient l’inconscient. Ils avaient besoin, d’abord, de développer ce qu’il appelait des ressources moìques qui seules pouvaient être acquises en développant aussi ce qu’il appelait le véritable soi-même.
Pour que cela devienne possible il faut compter sur une serie de possibilités favorisées par cette méthode.
Le véritable soi-même , l ‘authenticité, sont des notions d’une immense richesse pour Jorge Garcia Badaracco ainsi que les identifications pathogènes responsables des rôles que l on joue dans notre vie sans savoir que nous sommes habités par ce qu’il appellera des présences avec qui nous maintenons des interdépendances inconscientes réciproques qui peuvent être pathogènes et nous transformer en personnages.
Cette notion de personnages avait déjà été travaillée par d autres auteurs. il va luí donner une place centrale.
Garcia Badaracco conçoit un appareil psychique en trame dès la naissance. Si la symbiose des débuts est normale et satisfaisante cela permet au veritable soi même d évoluer et de se développer. Sinon, toutes les variables de la maladie mentale peuvent se présenter, formées par des présences à l intérieur de chacun avec qui nous maintenons des interdépendances inconscientes en activité continue Ces présences peuvent être pathogènes en faisant constamment revivre des vécus traumatiques.
La seule facon de s’en sortir est de pouvoir les remplacer par des interdépendances normogènes, proposées par les équipes soignantes et les groupes multifamiliaux et acceptées par certains patients après de nombreuses et très difíciles mises à l’épreuve.
Dans cette façon de penser, la maladie mentale n est jamáis conçue comme la maladie d un seul, mais toujours comme la maladie d’une trame. De là surgit l importance de la présence concrète de la famille du patient dans les espaces thérapeutiques et avec d autres familles. Il a été constaté que la possibilité pour une famille d en voir d’ autres produit un effet thérapeutique enrichissant du travail réalisé dans la thérapie d’une seule famille.
Voilà des raisons pour la création de la structure de soins multifamiliale.
À BabelPsi, ceux qui suivons cette façon de penser, prenons cette méthode, créée pour les pathologies mentales sévères comme point de départ pour mettre en travail tout simplement la vie quotidienne sans tenir compte des étiquettes diagnostiques – bien qu’elles ne nous échappent pas -.
Je reprends alors la notion de virtualité saíne et du regard porté.(la mirada)
Le regard porté sur une personne malade , la voyant pour toujours comme un malade rend très difficile à cette personne de ne plus l être Ce regard se retrouve dans les familles par rapport au membre visiblement malade, mais se retrouve aussi chez les psychiatres traitants ce qui chronifie la maladie et marque sombrement le futur de cette personne.
Nous portons notre regard sur la virtualite saíne de chacun. Alors qu’on peut se retrouver passionné par des recherches concernant les symptômes, pour arriver à un diagnostic précis, nous cherchons la santé potentielle présente chez chacun. Cela nous permet plus facilement de nous identifier et de retrouver de l’empathie .
Comme je le disais, cette méthode ne remplace pas le besoin éventuel d’une cure, de médicaments, de thérapie de couple ou familiale, etc.
Nous avons tous des aspects scindés dans notre fonctionnement psychique. Ils sont mis en mouvement lorsque l’on participe dans un contexte groupal, ça vous le savez bien mieux que moi. Des côtés de notre historie, que nous n’incluirions pas dans une cure, sans faire exprès, mais que l’on ne peut pas éviter de mettre en travail dans un contexte groupal, à partir des associations des autres .
Garcia Badaracco essaya d’enlever ce qui pouvait provoquer un effet surmoïque .
Sans renoncer à notre cadre psychanalytique, aussi bien dans les multifamiliales que dans nos cabinets, loin de nous transmettre des règles à suivre ou une technique sur ce qu’il faut ou ce qu’il ne faut pas faire nous nous permettons la spontanéité, la créativité et nous cherchons, nous aussi, notre “ véritable soi-même” en étant très attentifs à nos vécus.
Profiter librement de toutes nos connaissances théoriques. Pendant la multifamiliale faire appel à des rôles playing et même avoir recours aux accolades quand la situation s’y prête. El “abrazo” est quelque chose de très argentin, très chaleureux, très réconfortant il insistera sur l’importance de l’abrazo physique ou émotionnel.
Surtout en partant de son idée centrale: que la solitude est la mère de toutes les maladies mentales.
Cette solitude, il l’appelle, la solitariété. Il s’agit d’un état dans lequel le fait d’être pris dans les liens narcissiques de notre trame familiale d’origine nous a empêché d’être vus tels que nous sommes Et acceptés. Et aimés bien sûr. Et respectés. On ne pouvait pas compter les uns sur les autres. Elle nous a empêché de développer le véritable nous-méme, nous a mis en situation de jouer des rôles et des personnages effet des identificaciones pathogènes. De nous retrouver dans la compulsivité de faire aux autres souffrir comme on nous l’a fait sans pouvoir l’éviter. Et d’être prisonniers dans ces interdépendances inconscientes en activité dans chacun.
Le respect est consideré dans le sens d’être vus, connus, acceptés tels que nous sommes.
Il dira que l’histoire de chacun est celle de ses vécus, à l’interieur des liens dans la trame familiale d’origine.
L’importance très centrale donnée aux vécus et la compréhension de la maladie mentale comme effet d’interdépendances réciproques, dans la trame familiale, pathogènes en activité au dehors et!ou au dedans de nous, définit la spécificité de ces groupes multifamiliaux.
Les vécus, intègrent, dans leur complexité, ce qui, de nos expériences actuelles, nous renvoie à nos souvenirs personnels, même si ceux-la ne deviennent pas conscients. Nous n’arrivons pas toujours à les penser ou à les comprendre mais il ne s’agit pas de quelque chose d’intellectuel et il est très important de les respecter.
Nous pensons qu’il est très important d’avoir où pouvoir les partager, en étant accompagné et en accompagnant, même si on ne les comprend pas.
ils éveillent quelque chose de différent à la connaissance, c est la sagesse. Ils font surgir ou renforcer les liens et la solidarité entre ceux qui les partagent, dans ces milieux où on cherche à établir le respect, le non jugement, et à dèvelopper la capacité de s’écouter même si l’on n’est pas d’accord et en évitant de chercher à avoir raison .
J Garcia Badaracco souhaitait que les psys favorisent la désidéalisation et il nous conseillait donc de ne pas rester en dehors de la multifamiliale, en partageant nous aussi nos vécus personnels évéillés par les voix des autres participants.
Ceci varie selon la personnalité de chaque psy Il y en a qui partagent beaucoup leurs vécus, il y en a qui en partagent de temps en temps quand lis voient que cela peut être important pour le déroulement de la multifamiliale, il y en a d’autres qui ont horreur de ça et qui ne le feraient jamais puisqu’ en psychanalyse il est interdit que les psys nous parlions de nous-mêmes.
Il est courant d’entendre dire à nos stagiares “j’ai eu du mal à savoir qui était psy et qui ne l était pas”
René Kaes, dans son livre “L’extension de la psychanalyse” souligne la différence entre le savoir de l’inconscient et le savoir sur l’inconscient,. Le savoir de l’inconscient, dira-t-il, est invariablement fondé sur l’expérience que seule l’expérience de la cure psychanalytique peut constituer.
Je dis aussi qu’il est très difficile de parler sur la psychanalyse multifamiliale. En faire l’expérience permet de saisir la force d’un groupe aussi nombreux, formé de personnes que parfois on ne connait même pas, en train d’écouter avec respect, et sans jugement quelqu’un qui parle de ce qu’il a de plus intime, de son histoire, de ses vécus
Les personnes qui souhaitent prendre la parole lèvent la main et le coordinateur leur donnera la parole quand il le considérera convenable. Chacun suit son propre fil conducteur . Les réunions d’élaboration permettent de découvrir la multiplicite de fils conducteurs dans chaque réunion, autant qu il y a de personnes, presque.
Quand on donne la parole on demande à la personne de parler des résonances en elle de ce qui a été dit par les autres et non pas de parler des autres.
Le climat, dans ces groupes éveille une confiabilité presque instantanée
La phrase de Garcia Badaracco qu’il nous recommandait à tous les participants,”exigence zéro”, produit une sensation de liberté et un changement surprenant dans notre façon de travailler et aussi chez les patients.
Avec cette nouvelle façon de penser, on va de surprise en surprise.
L’interprétation de l’inconscient ne sera plus le mode d’intervention des psys qui assurent la coordination Issue de la formation en Psychanallyse individuelle classique, l’interprétation me manquait fortement au début, mais maintenant elle me provoque un certain effet de violence quand elle apparaît formulée par un membre de l’équipe.
Nous ne faisons pas non plus d’interprétations dirigées à lìnconscient groupal.
On cherchera plutôt que les processus thérapeutiques se produisent par eux-mêmes, à partir des milles voix qui s’elèvent dans ces réunions, avec les résonances qu’elles déclanchent dans chacun, en partageant les vécus qui permettront aux autres de s’identifier ou de se différencier et où chacun fera ses propres découvertes.
La fonction du coordinateur sera, entre autres, celle de chercher les universels dans les interventions qui permettront aux personnes présentes de s’y retrouver et ainsi de dédramatiser..
Le ‘Groupe de Psychanalyse Multifamiliale’ est précisément un vaste groupe, finalement pas forcément multifamilial, pouvant rassembler jusqu’à cent personnes.
En en faisant l’expérience, on comprend que ce cadre de travail contient des facteurs soignants que nous ne pouvons rencontrer en nulle autre circonstance et qui constituent de puissantes ressources pour produire le changement psychique de chacun et des liens dans n’importe quel contexte.
Je vous remercie de votre attention. J’ai fait un très gros effort de synthèse, le réductionisme est inévitable.,Ce serait super si nous pouvions nous retrouver et avoir de longues et plaisantes discussions, vous et nous. Je sais que des millions de sujets s’ouvrent. Pour l’instant j’espère avoir réussi à vous transmettre un panorama de ce que nous faisons.