La Résistance

L’histoire étonnante et authentique de Marcel Marceau, le mime le plus connu et le plus admiré, qui était un héros secret qui a sauvé la vie de nombreux enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

Marcel, ainsi que son frère Alain, ont été contraints d’adopter le nom de famille Marceau afin de cacher leurs origines juives. Les deux frères rejoindront la Résistance française à Limoges, où ils réussiront à sauver la vie de nombreux enfants juifs en les empêchant d’aller dans les camps de concentration nazis.

C’est sur Netflix. https://www.netflix.com/title/81243263

Nino Bravo – Libre

Libre

Tiene casi veinte años y ya está
cansado de soñar.
Pero tras la frontera está su hogar,
su mundo, su ciudad.
Piensa que la alambrada sólo es
un trozo de metal.
Algo que nunca puede detener
sus ansias de volar.

Libre,
como el sol cuando amanece,
yo soy libre como el mar.
Libre,
como el ave que escapó de su prisión
y puede, al fin, volar.
Libre,
como el viento que recoge mi lamento
y mi pesar.
Camino sin cesar
detrás de la verdad
y sabré lo que es, al fin, la libertad.

Con su amor por banderas se marchó
cantando una canción.
Marchaba tan feliz que no escuchó
la voz que le llamó.
Y tendido en el suelo se quedó
sonriendo y sin hablar,
sobre su pecho flores carmesí,
brotaban sin cesar.

Libre,
como el sol cuando amanece,
yo soy libre como el mar.
Libre,
como el ave que escapó de su prisión
y puede, al fin, volar.
Libre,
como el viento que recoge mi lamento
y mi pesar.
Camino sin cesar
detrás de la verdad
y sabré lo que es al fin la libertad.

Libre,
Como el sol cuando amanece,
yo soy libre como el mar.
Libre,
como el ave que escapó de su prisión
y puede, al fin, volar.
Libre,
como el viento que recoge mi lamento
y mi pesar.
Camino sin cesar
detrás de la verdad
y sabré lo que es al fin, la libertad.

José Luis Armenteros y Pablo Herrero

Le pouvoir des vécus au cours d’une expérience migratoire

VIII Congrès International de Psychanalyse Multifamiliale
Buenos Aires – 17-18-19 de Novembre 2018

Liza BENAYM – Vincent DELMAS

Abstract
L’expatriation est une expérience particulièrement complexe, en tant que confrontation du sujet à des vécus d’une grande intensité. À travers la description de nos propres expériences migratoires, ce texte tentera de rendre compte du caractère tant singulier qu’universel de ces vécus.
La première intervention exposera comment la séparation physique entre un individu et son entourage provoque une réactivation de la position dépressive, et vient ainsi confronter le sujet aux vestiges de ses séparations antérieures.
La seconde partie proposera l’élaboration d’une comparaison entre les étapes psychiques traversées lors d’une migration et les étapes archaïques du développement psychologique de l’enfant.
Nous essayerons de décrire comment la migration peut être tantôt le lieu de vécus profondément désorganisant, tantôt l’opportunité unique, lorsqu’elle est accompagnée d’un travail thérapeutique, d’une renaissance psychique.

Introduction
En 2016, nous sommes partis vivre à Buenos Aires pendant six mois, dans le cadre d’une formation à la Psychanalyse Multifamiliale avec l’association Babel Psi. `Pendant six mois, nous avons participé à trois groupes hebdomadaires :
Deux groupes du Sanatorio Mendez coordonnées par le chef de service de psychiatrie, le Dr Hugo Vallero.
Un groupe du Sanatorio Mendez coordonné par le Dr Alberto Jones.
Deux groupes de Multifamiliale Interculturel coordonnés par le Dr Graciela Bar de Jones: l’un était en présentiel, l’autre par vidéoconférence.
Le travail qui suit porte sur nos expériences d’expatriations courtes et le pouvoir des vécus qui étaient les nôtres.

Expérience d’expatriation et vécu d’effondrement
Vincent Delmas

Ma rencontre avec la psychanalyse multifamiliale a d’emblée été liée à ma première expatriation. Mon départ pour Buenos Aires correspondait à une première expérience d’éloignement d’avec ma famille. Je n’avais jamais connu quelque chose d’une telle intensité, je ne mesurais pas en partant pour 6 mois en Argentine tout l’impact psychologique que pouvait avoir ce voyage.

Pendant plusieurs semaines j’ai eu la sensation d’un effondrement, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, je me sentais totalement à vif… Ce qui devait être un rêve commençait à tourner au cauchemar : je me suis déprimé, j’avais le sentiment de n’avoir plus rien qui me soutenait, d’être absolument seul face au monde, comme si j’avais perdu toute ma famille et qu’il n’y avait plus que moi pour me prendre en charge.

Pendant les premiers temps de mon voyage, je détestais Buenos Aires, je haïssais même tout du pays, je dénigrais chaque petite chose que mon quotidien me faisait découvrir. Je ne comprenais pas que l’on puisse apprécier cet endroit. Je me souviens de moi, marchant dans les rues de la ville, avec une sensation de tristesse et de colère. Il m’a fallu encore plusieurs mois pour me rendre compte de ce qui m’arrivait véritablement.

Je me souviens de la violence de ces semaines. C’était à un tel point qu’après quelques temps sur place j’ai commencé à me demander s’il ne fallait pas arrêter l’aventure…

Au cours de cette période, je fis ce rêve :

Je me trouve dans une maison un peu spéciale, elle me fait penser à une sorte de temple grecque et en même temps c’est une sorte de ville souterraine. Il s’agit d’une maison familiale où toute ma famille est réunie en même temps.

Je m’aperçois soudain qu’il y a beaucoup de membres de ma famille que je ne connaissais pas. C’est la première fois que je les vois et que j’ai conscience qu’ils existent. Je me fais la réflexion que ma famille est en fait beaucoup plus grande que ce que je pensais.

D’un seul coup, je ne sais plus bien comment et pourquoi, je casse une des colonnes de la maison et je réalise que tout va s’effondrer. Je ne sais pas quoi faire, je décide de fuir, je me dis que je n’ai pas le temps de prévenir les autres, et qu’en plus si je les prévenais ils me « gronderaient » sans doute parce que j’ai fait une « bêtise ». Je réalise que tout le monde va mourir parce que la maison va s’effondrer sur eux.

Je me retrouve brusquement très loin de cette maison et je dois maintenant choisir entre différents chemins pour pouvoir rentrer chez moi. Ces chemins me font penser un peu à la Dordogne, région française d’où ma famille est originaire.

Ce rêve marque, je crois, le passage d’un fonctionnement psychique en vase clos, soumis au réseau d’interdépendances de la trame familiale, à un fonctionnement psychique ouvert, fait de nouvelles interdépendances normogènes. Ces nouveaux liens introduisent la liberté et la créativité au coeur du fonctionnement de la psyché.

Ce changement, on le voit bien dans le rêve également, ne semble pas possible sans un vécu d’effondrement et de culpabilité. Les travaux de Graciela Bar de Jones sont très éclairants à ce sujet :

“La migration devient traumatique quand prédomine le sentiment de détresse; le déséquilibre dépendra des antécédents historiques de chaque migrant eu égard à la qualité de ses expériences précédentes de pertes, séparations et/ou abandons personnelles ou familiales. Une migration symbolise et reproduit la séparation et la perte de la protection parentale, fondamentalement de la mère protectrice. La régression est inévitable dans les premiers temps; de l’intensité de la régression – compte tenu des séries complémentaires de chaque personne et s’il y a eut ou non élaboration préalable de ce projet – dépendra le degré de déséquilibre de la personnalité, avec son risque de désintégration et de dissolution avec pertes des limites du moi en situations extrêmes.”
Graciela Bar de Jones, 1998, Y si Emigramos ? Traduction personnelle1

Dans mon cas, ce qui aurait pu n’être qu’un vécu traumatique a pu devenir grâce aux groupes de psychanalyse multifamiliale une occasion de croissance. On ne peut pas faire l’économie de l’effondrement quand on se sépare de sa famille, de ses parents, pour mûrir et devenir soi. En revanche, on peut faire l’économie du trauma lorsqu’une perspective de construction nous est donnée… C’est, je crois, ce que les multis permettent.

Mais plus encore que d’avoir contenu l’angoisse, la multi m’a offert la possibilité de prendre en compte mes vécus et de leur donner une place et une consistance que jamais ils n’avaient eu auparavant. Je crois que le plus important est là. Il s’agissait du premier pas vers la possibilité d’être véritablement moi même.

L’expérience migratoire comme terre d’une renaissance psychique – Liza BENAYM

Je vais vous présenter une analyse de mon expérience de migration de 6 mois en tant que reviviscence, condensée, des stades de développements précoces de l’enfant que je détaillerai chronologiquement : gestation / premiers temps aconflictuels / position schizo-paranoide et position dépressive. Je tâcherai ensuite de décrire comment ce redéploiement fut à l’origine d’une renaissance, celle d’une partie de mon véritable moi-même.

1. La gestation

J’ai appris que j’intégrerai le programme d’échange entre l’association argentine Babel Psi et l’école de psychologie parisienne Psychoprat quelques semaines seulement avant mon départ. J’ai donc eu très peu de temps pour m’organiser psychiquement parlant. Jusqu’alors, Buenos Aires n’était pour moi qu’un « Ailleurs ». Je dois avouer que j’ai choisi ce pays comme j’aurais pu choisir le Vietnam, le Canada, ou la Chine. J’ignorais tout de la culture argentine, je parlais très mal espagnol et je n’avais aucune idée de ce qu’était la psychanalyse multifamiliale. Ce qui m’attendait m’était, en tout point, étranger. Toutes les conditions étaient donc réunies pour former un terrain particulièrement propice à l’idéalisation.
En français, nous avons un proverbe disant que « L’herbe est toujours plus verte ailleurs ». Tout était à inventer. Nous pourrions comparer cette période préliminaire qui précède le départ à celle d’une gestation psychique : l’autre, ce pays inconnu, cet étranger dont nous ignorons tout ou presque grandit en soi, s’installe, prend de la place, sans pour autant se montrer encore à nous. Il nous laisse le loisir de l’imaginer sous tous ses traits. De le désirer tout autant que de le redouter.

Je n’ai eu que deux semaines pour me construire, psychiquement, des représentations du lieu dans lequel je m’apprêtais à vivre. Mes projections se portaient tant du côté du bon : (des musiques, des couleurs, la chaleur humaine) que du mauvais (les dangers, l’insécurité à l’origine d’angoisses de mort). Cette dualité et cette ambivalence est particulièrement bien décrite par Graciela Bar de Jones « Un projet migratoire se présente d’un côté comme quelque chose auquel le sujet aspire intensément et, simultanément, comme un risque pour son intégrité psychique ».

2. La naissance

Très vite, il fut temps pour moi de quitter mon pays natal. Dans l’avion, je scrutais l’écran qui dessinait peu à peu les distances surréalistes que nous traversions. Tel un bébé parcourant de l’intérieur le corps de sa mère pour naitre, pays après pays, j’arpentais le monde. Ou peut-être dirions-nous qu’à ma manière, je « traversais la mer(e) ».

2. Premiers temps aconflictuels

J’ai atterri à Buenos Aires au lever du jour. D’ailleurs, ne dit-on pas « dar la luz » ? C’est d’autant vrai, qu’en sortant de l’aéroport, je retrouvais la lumière et découvrais une ville différente en tout point de celle imaginée. Dès les premières heures, j’étais sous le charme de ce pays où tout semblait doux, exotique, et si coloré. Ces premières impressions s’installèrent pendant mon premier mois passé à Buenos Aires. Elles furent là, le temps de l’euphorie, de la découverte, des rencontres et de l’excitation.

Durant ces premiers temps aconflictuels, les angoisses archaïques de mort que j’évoquais plus tôt ne furent plus au premier plan sans pour autant disparaître : silencieuses, elles sommeillaient. L’excitation psychique due à la découverte de ce nouvel environnement était à la hauteur de la crainte de la désorganisation qui lui succèdera. En d’autres termes, je pressentais inconsciemment la chute dépressive et l’effondrement que je m’apprêtais à vivre.

3. Désorganisations Psychique

Une fois le premier mois passé, je commençais à éprouver des émotions de moins en moins agréables. Leur puissance était amplifiée, si bien que la tristesse tournait à la mélancolie ; l’inquiétude devenait panique. J’observais chez moi des processus psychiques particulièrement archaïques tels que le clivage, les angoisses de persécution voire même la fragilité identitaire.

Clivage :

– Il opérait entre mon pays d’origine et le pays qui m’accueillait : je dénigrais les conditions de vie en France au profit d’une idéalisation de ma nouvelle vie argentine.
– Je découvrais les différents groupes de psychanalyse multifamiliale avec le sentiment d’intégrer une nouvelle famille, une famille bienveillante, qui parlait, qui se dévoilait avec tant de générosité. Une famille qui m’aidait à décortiquer les interdépendances réciproques pathogènes de ma trame familiale différemment de tout ce qu’avait pu m’apporter l’analyse personnelle jusqu’alors. Ainsi, en miroir, se dessinait le profil d’une « bonne famille » qui venait en réparer une autre.

Menace Identitaire et vécu de persécution

L’arrivée dans ce pays, empreint d’une culture et d’une langue qui m’étaient étrangères, est venue me bousculer dans mes propres repères culturels et identitaires. Lors des premières multis, l’ambiance qui s’en dégageait et qui était radicalement différente des structures de soin que j’avais connu en France m’a d’abord procurée un sentiment d’étrangeté. J’étais saisie par la familiarité entre participants et coordinateurs, la place des contacts physiques, le climat qui rompait avec les règles strictes du cadre que nous connaissons en France.

Par ailleurs, il m’était très difficile d’accepter de « ne pas tout comprendre ». L’exigence que je m’imposais à cet égard dépassait largement les attentes naturelles de l’apprentissage d’une nouvelle langue. Il aurait fallu que je la parle parfaitement, que je la comprenne sans lacune, que je l’intériorise presque comme on le fait pour sa langue maternelle. Comme s’il ne pouvait y avoir de la place pour le manque. Il me semble que l’angoisse sous jacente était de type identitaire. Comment se faire passer pour une vraie argentine quand notre niveau d’espagnol vient, d’emblée, nous démasquer ? De cette angoisse identitaire a découlé un vécu de persécution : je me sentais en permanence évaluée, jugée sur mon niveau d’espagnol. Par ailleurs, je craignais toujours que les mots incompris ne soient des attaques contre moi.

Ces vécus pourraient nous rappeler ceux rencontrés par le bébé dans la position schizo-paranoïde décrite par Mélanie Klein.

Il leur a succédé une chute dépressive, caractérisée par des sentiments de tristesse ainsi qu’un vécu d’effondrement. Je chutais dans un sentiment de perte comme si tout ce qui avait été laissé provisoirement en France semblait perdu à jamais.

4. Réorganisation psychique et déploiement du Véritable Soi-Même

Le travail effectué dans nos différents groupes de psychanalyse multifamiliale m’a permis de prendre conscience de la nécessité de ce passage dépressif pour qu’un vrai changement opère. Il y avait une place pour ma peine, elle était acceptée par le groupe.
Le climat particulièrement contenant des groupes de psychanalyse multifamiliale, aussi chaleureux qu’un ventre maternel, m’a permis de contenir tant mes vécus de désorganisation que mes vécus dépressifs en jeu dans cette expérience particulièrement éprouvante de la migration.

Face à la désorganisation provoquée par la migration, la psychanalyse multifamiliale m’a permis, peu à peu, d’organiser une restructuration psychique que j’ai tenté d’imager comme une renaissance, celle d’un moi plus fort et plus authentique. Plus encore, elle m’a permis d’être davantage véritablement moi-même.

Ainsi, la résurgence de problématiques pré-œdipiennes dû à l’expatriation fut à l’origine d’un réorganisation des stades de développement psychique pour laisser la place, enfin, au déploiement de constituants du véritable soi-même.

Références bibliographiques

Bar de Jones, Graciela M. “¿Y si emigramos? 1998” Trabajo presentado en el 3er. Congreso de la Asociación Uruguaya de Psicoterapia Psicoanalítica (A.U.D.E.P.P.). “La práctica psicoanalítica en un nuevo contexto”. Montevideo, mayo l998.

Freud, S. (1899). La interpretación de los sueños. Alianza Editorial.

García Badaracco, J. E. (1989). Comunidad terapéutica psicoanalítica de estructura multifamiliar. Madrid, Ed. Tecnipublicaciones.

García Badaracco, J. E. (2006b). Psicoanálisis Multifamiliar – Para curar la enfermedad mental desde la virtualidad sana. Revista de Psicoanálisis de la Asociación Psicoanalítica Argentina, LXII (4): 919-936.

Winnicott, D. (1958). La capacidad para estar solo. Escritos de pediatria y psicoanalisis. Barcelona. Paidos.

Jorge Drexler – Frontière

Frontière – Jorge Drexler

“Je ne sais pas d’où je suis,
Mon foyer est à la frontière,
et les frontières bougent,
comme les drapeaux.
Ma patrie est un petit coin,
le chant d’une cigare,
les deux premiers accords
que j’ai su dans la guitare.
Je suis le fils d’un étranger
Et d’une étoile de l’aube,
S’il y a de l’amour, on m’a dit,
La distance disparaît.
Je n’ai pas beaucoup de vérités,
Je préfère ne pas donner de conseils,
Chacun suit son chemin,
De toutes façons c’est quand on est vieux qu’on apprend.
Le monde est comme il est
À cause des certitudes,
la guerre et la vanité
mangent à la même table.
Je suis le fils d’un déraciné
Et d’une fleur de la terre,
Et quand j’étais petit ils m’ont transmis
Le peu de choses que je sais
Sur l’amour et sur la guerre”.

Traduction: Graciela Bar

Des jeunes qui quittent leur pays

Présentation au II Colóquio Internacional da Rede Interuniversitária – Grupos e Vínculos Intersubjetivos San Pablo Brasil.

Graziella Bar de Jones, Avril 2018

 

Chaque pays a sa propre histoire de migrations.
Les psychanalystes , eux, ont beaucoup emigré suite à la deuxième guerre mondiale, au XXème siècle; Freud lui-même a dû partir à Londres en 1938. Et pourtant il fallut presque le temps d’une génération pour qu’en psychanalyse on commence à faire des recherches sur les effets de ces expériences.
À partir d’un certain moment les travaux psychanalytiques sur “la migration » commencèrent à se multiplier.
En Argentine nous nous occupions d’abord des recherches sur leurs effets transgénérationnels puisque l’Argentine a essentiellement été peuplée d’ immigrants.
Elle devint ensuite un pays expulsif lors de la dictature militaire puis des dificultés socio-économiques.
Les migrations introduisent la discontinuité dans les liens.
Les adolescents qui venaient de l’Italie ou de l’Espagne vers la fin du XIX ème siècle ou début du 20 ème ne revoyaient parfois plus jamais leur famille d’origine même s’ils pouvaient passer leur vie à travailler pour leur envoyer de l’argent.
Une lettre pouvait mettre trois mois à arriver.

Au jour d’aujourd’hui (2018)
Les changements technologiques nous forcent à remettre en question les notions psychanalytiques qui nous permettaient de comprendre les expériences de la migration (2,3,4)
Les vécus déclenchés par la distance géographique, peuvent ne plus être du tout les mêmes.
On peut se parler, on peut se voir et en même temps cela nous oblige à de nouvelles recherches, mais la vitesse des changements dépasse à chaque fois la vitesse de nos recherches.
La notion de l’espace et de la temporalité, sont remis en question (11)
Les identités deviennent plurielles. De plus en plus les enfants naissent de couples biculturels et au sein de familles voire multiculturelles. Leurs souffrances sont différentes. (9)
Le choc traumatique accumulatif n‘est plus pareil, il est possible de se familiariser à l’avance avec ce que l‘on va rencontrer.(9)
Le travail du deuil est forcément très différent aussi si on peut aller et venir (4)
Nous sommes nombreux ceux qui ne sommes plus d’une nationalité ou d’une autre; le “ou” doit être, à notre avis, remplacé par la compléxité du “et”.

Une expérience très spécifique à BabelPsi

Sur un socle
1) de connaissances et de recherches sur les effets psychologiques des migrations et leurs vécus
2) d’expérience en psychanalyse individuelle présentielle et à distance puis en psychanalyse mutifamiliale, nous avons mis en place à BabelPsi un modèle de prise en charge pour la vie quotidienne des personnes qui traversent n’importe quelle sorte d’expérience interculturelle.
Pour ce travail j’ai choisi de partager avec vous spécifiquement une partie de notre pratique: une expérience que nous traversons à BabelPsi depuis plusieurs années avec des jeunes étrangers qui viennent nous voir à Buenos Aires. Le modèle de suivi dont je vais vous donner quelques exemples aujourd’hui, intègre parfois différents dispositifs simultanément.
Véro
Jeune, très belle, passionnée de tango et par amour elle vint s’installer à Buenos Aires.Elle commença une psychanalyse dans sa langue maternelle .Elle disait que aimer c’est souffrir et que sa jalousie lui devenait insupportable. Elle avait connu son copain avant de décider de s’installer avec lui en Argentine et l’un des élements qui l’attiraient était la famille nombreuse qu’il avait lui, en Argentine.
Le tango et l’amour sont des arguments que nous retrouvons souvent chez les jeunes femmes qui viennent à Buenos Aires pour expliquer leur choix de notre ville. Leurs motivations inconscientes pour émigrer leur sont en général inconnues.
Ses souffrances, (elle pleurait beaucoup et très souvent), sa solitude et quelques unes des difficultés à l’intérieur de son couple n’ont pu que très lentement être compris et mis en travail en lien avec la migration et avec son histoire familiale.
À notre grande surprise et à la sienne, elle dit un jour qu’en fait elle pensait maintenant qu’elle etait venue en Argentine pour fuir sa famille d’origine.
Les souffrances de Véro dûes à sa solitude dans un pays étranger, même au sein de son couple et de la famille de son copain, contretransférentiellement, m’étaient particulièrement émouvantes.
La cure, bien que Véro n’est pas une psychotique, me sembla insuffisante.
Je me décidai à metttre en place un groupe de psychanalyse multifamiliale pour francophones à Buenos Aires. Non plus pour la prise en charge de la pathologie mentale sévère – but dans lequel a été créée cette méthode- mais pour la vie quotidienne dans l ‘interculturalité.
Les individus, les couples et les familles bi ou pluri culturelles , multilingues, pouvaient y trouver un endroit où mettre en travail les similitudes et les différences de leurs expériences de migration, d’expatriation, de stage, etc.
Je formai une équipe plus ou moins trilingue, de membres de BabelPsi et l’ouverture compta sur la présence du Professeur Jorge Garcia Badaracco, créateur de cette méthode et à peu près de 30 personnes. Ces réunions continuent actuellement sous le nom de “multi interculturelle”
Quelques membres de l’équipe sont en mesure de traduire vers une langue ou une autre quand cela est nécessaire. Nous disons aux participants qu’ils peuvent s’exprimer dans la langue dans laquelle ils se sentent le plus à l’aise (spécifions: espagnol, anglais ou français)
Le rêve de Véro en séance individuelle, après cette première réunion à laquelle elle participa
“Je marchais toute seule , j’arrivais à un énorme château où il faisait très froid et sombre, j’avais peur. Vous veniez m’apporter une couverture et je m’endormais finalement tranquille”.
Pendant des années elle fut une participante fidèle à ces réunions. Elle épousa son copain, eut deux enfants. Elle venait enceinte, puis avec un petit puis avec les deux et avec son mari qui s’y incorpora de plus en plus stablement. Il y ammena aussi parfois sa mère, et même sa fille d’ un premier mariage.
Après de longues années de travail individuel et multifamilial, elle rentra dans son pays avec sa famille, fondée en Argentine.
Dans son pays, elle continua son suivi individuel à distance (1) puis elle participa de temps en temps à la multifamiliale par internet.

Le dispositif de la psychanalyse multifamiliale

Sur le site de BabelPsi vous trouverez la conférence de présentation de cette méthode que j’ai faite à Lyon2 en octobre 2015, en français (5)
Il s’agit d’un cadre groupal, ouvert. Les participants peuvent venir seuls ou accompagnés.
On vient sans prévenir. Il arrive des fois que nous y trouvons des personnes que nous ne connaissons pas. L’équipe ne sait pas à l’avance qui viendra et même parfois s’il y aura quelqu’un.
Les participants peuvent ne pas parler ou lever la main pour demander la parole s’ils le souhaitent.
Nous essayons que l’accent soit mis sur les propres vécus et leur partage. Nous considérons que ce partage éveille des résonnances conscientes et/ou inconscientes chez les personnes présentes qui peuvent à leur tour, si elles le souhaitent, partager leurs vécus.
Garcia Badaracco nous dit, (6)
“Les autres comme miroirs vivants, jeu d’identifications proyectives et introjectives”p 86
“…dans chaque personne se réactivent alors des aspects inconscients refoulés, des souvenirs et des vécus oubliés, declenchés par ce que d‘autres disent ou font. De même qu‘un film ou une pièce de théatre produisent chez chaque spectateur des réponses différentes d’après le contenu de l’oeuvre, tout ce qui se passe peut être interpreté par les autres comme un spectacle. Mais il y a des personnes qui le voint comme un spectacle parce qu‘elles craignent de se sentir impliquées dans ce qui est en train de se dire……”
“…. La participation très engagée émotionnellement de certains participants, du fait qu elle se produit dans le contexte d un grand nombre de personnes…. donne lieu à des dialogues de toutes sortes qui ont la potentialité de faire penser. Chacun le fait selon des propres possibilités. Et chacun développe progressivement de nouvelles possibilités de dialoguer et de penser, qu’ il n aurait, parfois, jamais cru posseder.” (p 87)
L’accent est mis aussi sur le développement d’une écoute très respectueuse et sans jugement, dans un cadre qui offre très rapidement une ambiance confiable et chaleureuse.
L’équipe, elle, doit être le plus stable possible et doit s’engager à un endroit et à un horaire fixe qui doivent être respectés.
La coordination est animée par une équipe de professionnels. Les réunions sont souvent suivies de réunions d’élaboration ouvertes elles aussi où tous les participants peuvent rester s’ils le souhaitent. L’on essaye de ne pas favoriser l’idéalisation des coordinateurs en leur proposant à eux aussi de partager leurs vécus. Bien que ce soit bien sûr difficile, la coordination cherche à etablir une symétrie entre les psys et les non-psys. L’un des objectifs serait celui d’ empêcher le fonctionnement de masse quand le groupe est nombreux et où le leader serait idéalisé (6,7).
On essaye d’éviter les interprétations; les interventions tendent à chercher des universels qui, une fois formulés, permettront aux participants, par similitude ou par différence, de dédramatiser ce qui leur arrive.
On peut s’occuper longuement et très spécialement d’un participant ou d’un couple ou d’une famille. Nous considérons, sur cette base, que toutes les participations sont thérapeutiques pour les personnes présentes. Les aspects scindés de chacun sont forcément mis en mouvement. L’on espère favoriser un redéveloppement du “véritable soi-même” qui aurait été empêché dans des “trames familiales » constituées d’”interdépendances pathogènes” conscientes et inconscientes, en activité.
Nous soutenons que la présence concrète des membres de la famille permet des changements psychiques très difficiles à obtenir parfois autrement.
Notre conception du processus thérapeutique est celle d’ un processus où chacun fera ses propres découvertes; celles-ci arrivent tôt ou tard lorsqu’on participe d’une façon constante à ces réunions bien qu’on ne sache pas à l’avance lesquelles elles seront ni quand est-ce que le changement psychique qu’elles amèneront se mettra en évidence.
Réussir a penser ensemble ce qu on ne peut pas penser seul, ou a la maison.
Dans cette façon de penser le regard vise la “virtualité saine » de chacun et non pas la maladie.
Nous pouvons dire aussi que le même regard se pose sur l ‘équipe thérapeutique où chacun devrait pouvoir se retrouver soi-même de façon le plus authentique, libre, spontanée et créative possible pendant sa pratique professionnelle.
Plutôt que de transmettre une technique l’on cherche à soulager l’exercice psychothérapeutique d’ un regard surmoïque et ainsi permettre la créativité. On suppose que le cadre psychanalytique de l’éthique est à l intérieur de chacun des psys qui intègrent l’ équipe.

Se retrouver en famille.

Cette liberté créative pour l’exercice professionnel et le souhait de ne pas permettre aux déplacements géographiques d’ installer la discontinuité dans les liens nous a permis de mettre aussi en place des multifamiliales hebdomadaires par système de vidéoconférence.
La technologie est utilisée dans le but de rétablir une continuité, de réparer les liens brisés par les souffrances de la vie familiale et les déplacements géographiques.
Le cadre est bien sûr un peu différent . Elles ne sont pas ouvertes puisque le coordinateur envoie le lien par mail chaque semaine à la liste de ceux qui forment le groupe; on ne sait jamais à l’avance qui participera chaque fois. On peut avoir 5 visages en même temps avec les videos au plus et on doit apprendre à faire avec les difficultes que pose de temps en temps la technologie.
Le groupe est integré par :
des patients actuellement en analyse à Buenos Aires ou à distance avec un membre de notre équipe,
d’ anciens patients d’un membre de notre équipe,
d’ anciens ou d’actuels participants à la multi interculturelle à Buenos Aires
de stagiares actuels en psychanalyse multifamiliale à Buenos Aires
d’ anciens stagiaires en psychanalyse multifamiliale à BabelPsi rentrés dans leur pays
de parents de quelques uns de ces jeunes (qui ont bien voulu s’inclure, à un moment ou un autre de ce processus de leurs enfants, pour partager cette expérience avec eux qui parfois étaient à des milliers de kilomètres de distance.)
et même de parents de jeunes, en analyse avec un membre de notre équipe, qui eux, ne veulent pas participer à la multifamiliale mais qui sont très contents que leurs parents participent.

Rose
Elle n’est plus si jeune. Célibataire, c’est clair pour elle, elle ne souhaite ni avoir d’enfants, ni fonder une famille.
Depuis plusieurs mois elle parcoure l’Argentine et ses merveilleux paysages.
Elle a connu lors de ses déplacements, un garçon avec qui elle a un lien fragile.
Elle consulte parce qu’elle croyait avoir dépassé une vieille crise dépressive très grave qu‘elle avait eue quelques années auparavant dans son pays où elle voulait se jeter par la fenêtre, mais ces idées suicidaires reviennent. Elle pleure constamment et elle imagine que la seule possibilité pour elle c’est la rupture définitive avec sa famille d’origine qui est dans son pays.
Elle commença une psychanalyse avec l‘un de nous. Elle participa aux réunions interculturelles présentielles, à Buenos Aires, quand elle y était, d’une façon discontinue. Un beau jour elle dit, à notre surprise, en séance, qu’elle désirait fonder une famille.
Puis à notre surprise aussi, elle annonça plus tard qu’elle rentrait dans son pays, dans la ville où habitent les parents. Le lien avec ce garçon était devenu important et il allait la suivre.
Elle n’interrompit pas son analyse individuelle en partant puis pas mal de temps après elle s’inclut dans les multifamiliales à distance en invitant très vivement celui qui était devenu son mari, à y participer. Il le fit très peu de fois.

Cecilia
Depuis de longues années elle va de pays en pays. Elle reste vivre plusieurs mois dans chaque pays, y forme un couple puis elle repart.
Elle a du mal à trouver un sens à sa vie.
Plus très jeune, célibataire, elle semble n’avoir ni racines ni famille, nulle part. Alors qu’elle en a, dans son pays d’origine. Sa mère, avec qui elle avait un lien très fort est décédée brusquement, quand elle était jeune. Depuis elle ne reste que quelques jours á chaque voyage dans sa ville de naissance.
Elle participa très peu des réunions interculturelles à Buenos Aires, elles l’ennuyaient. Elle suivit une psychothérapie même si elle ne laissait tomber que rarement son attitude méprisante. Elle la faisait parce qu’elle pensait “qu’il le fallait parce que ça fait du bien”. Mais si pour une raison ou une autre les séances ne pouvaient pas avoir lieu elle disait qu’elles ne lui manquaient pas, que cela lui était égal.
Le cauchemar de Cecilia en séance individuelle apres avoir participé á une de ces réunions,
“je devais courir, je devais fuire très vite, tous les bâtiments autour de moi commençaient à s’écrouler”.

Nous revenons au livre de Garcia Badaracco:
“On percevait régulièrement que les thèmes vraiment douloureux, ceux qui avaient produit une souffrance psychique intense, restaient comme enfouis dans un inconscient clivé, cachés ou masqués par les puissants mécanismes de défense qui maintenaient un faux self, extrêmement autodestructeur des composantes potentielles les plus saines. Il fallait donc parcourir un long chemin révélateur pour decouvrir la véritable trame d interdépendances pathogènes qui avaient jalonné l’histoire personnelle de chacun.
Nous avons dit que la situation tramatique contenue dans l inconscient … est par nature violente et génératrice de violence, et il est impossible d‘empêcher que cette violence refoulée ne se manifeste d une manière ou d’ une autre. La fonction thérapeutique, ici, consistait à créer le climat psychologique sécurisant nécessaire à chaque patient et à chaque groupe pour trouver le ‘moment’ d exprimer ‘sa vérité’. Cela pouvait prendre un certain temps, mais bien moins qu’ une thérapie bipersonnelle ou de famille nucléaire, où cela peut se faire attendre pendant des années, et même ne jamais apparaître du tout. C’est souvent la crainte de s’effondrer qui maintient la rigidité des défenses, mais le contexte possède une très grande force sécurisante en ceci qu’il donne l’ assurance que l’effondrement ne sera pas dangereux.” (libro de jorge page 47)
Sur ces convictions nous insistâmos auprès de Cecilia pour qu’elle n’abandonne pas nos réunions groupales, mais sans succès.
Nora
Très très jeune. Étudiante universitaire elle vint à Buenos Aires faire un stage. Fille unique, elle arrivait chez nous après avoir parcouru l’Amerique Latine. Elle ne communiquait pratiquement plus avec ses parents à qui elle envoyait de temps en temps des photos d’ endroits perdus où elle se trouvait.
Elle venait très régulièrement à nos réunions interculturelles puis elle commença une psychothérapie avec l’un de nous.
Elle nous disait qu’elle ne supportait pas ses parents et qu’il luí etait insupportable d’être près d’eux parce que, en contact notamment avec la mère, elle perdait le sentiment d’exister .
Elle commença à participer à la multifamiliale par vidéoconférence et invita ses parents à faire de même. Elle était donc à Buenos Aires et eux, dans leur pays.
Elle put leur dire tout ce qu’elle avait sur le coeur. Quand ils essayaient de communiquer avec elle en dehors des réunions, elle ne leur répondait pas. Elle disait qu’elle avait besoin d’avoir “la multi” comme témoin. Ils acceptèrent de continuer même si ce n’était pas évident d’écouter tout cela de leur fille et face à des gens qu’ ils ne connaissaient pas, et de plus à travers un ordinateur, disaient ils, et que c était incroyable que pour pouvoir être en contact avec leur fille ils devaient comme condition, participer à la “multi ».
Son lien avec ses parents devint plus supportable pour elle, peu à peu. Elle rentra malgré tout dans son pays. Elle continua sa psychothérapie à distance. Son père et elle continuèrent à participer à la multifamiliale par vidéoconference en étant déjà dans un même pays. Sa mère abandona très rapidement.
Conclusions

Nous nous surprenons souvent avec quelques jeunes étrangers qui étaient venus pour rester vivre en Argentine, ou pour passer leur vie à parcourir le monde, et qui après quelque temps de psychanalyse individuelle et/ou de participation aux réunions interculturelles décident de rentrer dans leur pays avec une bien meilleure entente avec leur famille que quand nous les avons connus, en Argentine.
Certains souhaitent rester en lien avec notre équipe thérapeutique et souvent ils continuent leur cure à distance. Ils continuent ou ils ajoutent la participation aux multifamiliales à distance parfois avec leurs parents ou leurs conjoints.
Plus tôt ou plus tard nous les entendons dire:
“je suis parti pour fuir ma famille”
Les stages des universités à l étranger sont très stimulés et très idealisés. Ce sont sans doute des expériences très riches, mais les étudiants gardent en général pour eux leur souffrances parce qu‘elles sont mal vues et ils en ont honte. Ils traversent souvent des situations difficiles, cachées par l ‘alcool, la drogue, ce qu’ils appellent “faire la fête”.
Ils ne partagent que rarement entre eux les angoisses qu’ils traversent.
Notre regard en psychanalyse trouve que la trame familiale consciente et inconsciente, avec des interdépendances réciproques en activité, est très impliquée dans ces mouvements de déplacements géographiques.
Nous avons bien compris que parfois seule la distance géographique permet de prendre du recul par rapport a la propre famille et que cela devient vraiment nécessaire.
En même temps si, au loin, on ne fait pas un travail d élaboration, parfois on risque de ne jamais pouvoir revenir dans son pays, de transformer une expatriation en une sorte d’exil psychologique, et cela entraîne de grosses souffrances.

Dans notre façon de penser, la possibilité concrète de la participation des familles impliquées dans ces situations vitales, même en étant à distance, dans un suivi multifamilial, est vraiment une possibilité très intéressante.
Bibliographie
1)BabelPsi “Irene vista por la Comunidad BabelPsi”
Quinta jornada clínica entre instituciones psicoanalíticas caso Irene
Asociación Psicoanalítica de Buenos Aires 2012
2) Bar de Jones, Graciela “¿Y si emigramos?” Asociación Escuela Argentina de Psicoterapia para Graduados. AEAPG Espacio reservado a la Comisión Científica Trabajo libre. 1994
3) Bar de Jones,Graciela “La migración como quiebre vital” Panel sobre Quiebres vitales II Congreso Argentino de Psicoanálisis de Familia y Pareja – Teoría y Clínica de los vínculos. Buenos Aires, 2001
4) Bar de Jones, Graciela “Actualizaciones en el psicoanálisis de la migración ». Asociación Psicoanalítica Argentina APA Trabajo presentado para el pasaje a miembro titular. 2007 BabelPsi.com Biblioteca
5) https://www.babelpsi.com/simposio-internacional-symposium-international/
La Psychanalyse Mutifamiliale
6) Freud, Sigmund
Psicologia de las masas y análisis del Yo Amorrortu T XVIII 1992
7) Garcia Badaracco, Jorge E.
Psychanalyse multifamiliale
Les autres en nous et la découverte du vrai soi-même
Editions In Press 2003
8) Garcia Badaracco, Jorge E.
De sorpresa en sorpresa, trabajo inédito.2006
9)Kaës, R.et al.
Différence culturelle et souffrances de l’identité. Dunod 1998.
10) Slusky, Carlos E.
Migración y conflicto familiar
Family Process Vol l8 No 4, dic. l979. USA
11) Tisseron, Serge “Una revolución antropológica que el psicoanálisis necesita repensar” en
Perspectivas actuales del inconsciente APA editorial 2017

Graziella Bar de Jones

Au fil des migrations et des voyages, comment rester connecté à un groupe via les Multi par Internet

Por Laurie Vaquer

Ceux qui me connaissent savent que je voyage beaucoup, même si j’apprécie d’avoir un point de base, un chez-moi, ici à Buenos Aires.

Je voyage, j’étudie et je travaille en même temps, c’est un peu étrange mais tout à fait faisable. Depuis avril 2017, date de mon arrivée en Argentine, j’ai construit un style de vie adapté à mes envies de voyages. En pratique, cela signifie que je travaille sur différents projets sur Internet et que je peux continuer à travailler sur ces projets où que je sois. Il m’arrive donc de voyager tout en continuant à travailler, sans que ce soit des vacances pour autant! Donc je continue à travailler, tout en visitant les alentours dans mon temps libre. Ce style de vie est plutôt “à la mode” ces dernières années. On nous appelle des “digital nomads” ou “location independent”. J’apprécie la liberté de voyager plus que lorsque j’avais un travail plus conventionnel.

Avoir un point de base a définitivement des avantages, comme le fait d’avoir une routine et des amis qui vivent dans la même ville. La MIC, comme j’en avais parlé dans cet article, fait partie de ces rendez-vous hebdomadaires qui me rattachent à Buenos Aires et que je retrouve avec plaisir à chaque retour de voyage. En revanche, lorsque je ne suis pas à Buenos Aires, BabelPsi me donne aussi la possibilité de participer à des réunions multifamiliales par Internet, en français ou en anglais, et c’est une excellente façon pour moi de garder cette bonne habitude, malgré la distance!

Je ne suis pas la seule à profiter des avantages de la Multi par Internet. Vincent, par exemple, était en stage à Buenos Aires en 2016 et il participait régulièrement à la MIC. A son retour en Europe, la Multi par Internet lui a permis de garder une continuité sur les réflexions qu’il avait commencées à Buenos Aires : “Après avoir été immergé dans la multi en Argentine, ça aurait été très compliqué pour moi de rentrer en Europe en ne pouvant plus participer à aucune multi. A ce niveau, la multi par internet m’a permis de garder un lien avec cette partie de moi que j’ai découverte en Argentine.”

Les Multi par Internet ressemblent beaucoup à la MIC (du lundi) dans le sens où il s’agit d’un groupe qui se connecte en même temps pour partager des réflexions et des expériences de vie, avec respect et sans jugement. Les participants peuvent participer via leur webcam et leur micro s’ils le souhaitent, ou seulement écouter.

Lorsqu’on écoute simplement l’autre, cela peut nous rappeler des vécus et faire ressortir des émotions. Libre à chacun de rebondir et de partager ses réflexions à son tour.

La Multi Internet en français a été créée en 2012 par Graciela Bar, fondatrice de BabelPsi. Aujourd’hui, il existe également une Multi Internet en Anglais ; elle est animée par Shirley Matthews, membre active de BabelPsi à Buenos Aires.

La possibilité de participer aux Multi par Internet lorsque l’on n’est pas présent à Buenos Aires est un point fort de ces rendez-vous et cela permet également d’accompagner des migrations, comme pour le cas de Vincent. Un deuxième avantage très fort de cet outil est la possibilité d’inviter un ou plusieurs membres de sa famille à participer et voire même des amis.

En effet, le fait d’inviter quelqu’un est une façon de partager un moment privilégié avec un proche, mais aussi de réfléchir sur la relation que l’on entretient avec les autres. Par exemple, on a parfois des réactions différentes et des façons de communiquer qui varient d’une personne à l’autre. Faire un travail sur soi peut mettre en exergue des interdépendances avec les gens qui nous entourent et la Multi est un espace privilégié pour cela.

Les Multi Internet en français ont lieu tous les jeudis à 15h (heure argentine). Les Multi en anglais ont lieu les premier et troisième mercredis du mois à 16h (heure argentine). Pour tout renseignement pratique ou inscription, vous pouvez contacter Graciela grazielbar@gmail.com (Multi en français) et Shirley shvmatthews@yahoo.com.ar (Multi en anglais).

Les rencontres multiculturelles BabelPsi : Ma dose de (dé)connexion hebdomadaire à Buenos Aires

Laurie Vaquer

Il y a de cela quelques mois, j’ai emménage à Buenos Aires sans connaitre qui que ce soit et ça n’a pas été évident. Pourtant, ce n’était pas la première fois que j’emménageais dans un nouveau pays, mais la première fois en tant qu’entrepreneur d’une entreprise en ligne, ce qui veut dire que je n’avais pas de collègues et donc pas d’intégration facilitée dans ce nouvel environnement.

Au bout de quelques mois, petit à petit, j’ai commencé à me faire des amis et j’adore ma vie à Buenos Aires aujourd’hui. Je pense pouvoir dire qu’une chose en particulier a contribué à cette intégration : la MIC, ce qui veut dire Multifamiliale Interculturelle. C’est une réunion hebdomadaire qui a lieu à Palermo et qui rassemble des personnes de différents pays et régions d’Argentine pour se connecter avec le groupe et déconnecter de sa vie quotidienne pour quelques heures et partager des expériences de vie.

La partie déconnexion est particulièrement valable aujourd’hui car on a tendance à être hyper-connectés et toujours joignable grâce à nos smartphones constamment à portée de main, au cas où on ait vraiment besoin de checker Instagram 10 fois par heure. La MIC est donc une opportunité de se débrancher de notre vie digitale pour être 100% présent.

La Psychanalyse Multifamiliale a été créée par le Dr Jorje Garcia Badaracco. Il croit que nous sommes tous constitués de relations d’interdépendances et qu’un groupe peut être très bénéfique dans le cas d’un environnement stable et de confiance. Pour plus d’informations sur cette branche de la psychanalyse, je vous conseille la lecture de ce document présenté à Athènes en 2016.

Ecouter avec respect et parler honnêtement sont deux « règles » tacites qui font de ces rendez-vous hebdomadaires une expérience intéressante et unique. Il n’y a aucune obligation de participer si on n’en ressent pas le besoin, car rien que le fait d’écouter ceux qui partagent quelque chose ce jour-là est bénéfique et peut avoir une forte résonnance en soi. Les participants changent plus ou moins chaque semaine et deux coordinateurs sont, eux, présents chaque lundi, il s’agit du Dr Alberto Jones et de Dr Graciela Bar.

La MIC est une initiative de BabelPsi, une communauté créée en 1990 par Graciela Bar et Alberto Jones. Il s’agit d’un groupe international et interdisciplinaire spécialisé dans les expériences interculturelles et les migrations.

Ces réunions hebdomadaires ont, elles, débuté en 2008 et étaient initialement destinées à la communauté française de Buenos Aires, mais elles sont aujourd’hui un rendez-vous ouvert à tous. La langue principale est l’Espagnol (Castellano), ce qui une bonne opportunité de pratiquer, mais il est également possible de parler en Anglais ou en Français et les coordinateurs pourront traduire en Espagnol pour les autres participants.

« On est plus proche de notre soi intérieur lorsque l’on s’exprime dans notre langue maternelle. » Graciela Bar

Actuellement, la MIC est en vacances d’été jusqu’au 5 mars mais n’hésitez pas à passer à partir du lundi 5 mars inclus ou l’un des lundis suivants sauf fériés de 20h15 à 22h30 à l’adresse suivante: Güemes 3941 (entre Araoz et Scalabrini Ortiz, Palermo) – 1er étage.

Je suis disponible pour répondre a toute question au sujet de la MIC ou BabelPsi, voici mon adresse email : laurie.vaquer@gmail.com

A bientôt!